Le féminisme en République Démocratique du Congo
Le très sage Mahatma Gandhi affirmait : « Appeler les femmes le sexe faible est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes ». Cette citation a été prononcée par Gandhi, lors de la célèbre marche du sel en 1930, afin de sensibiliser les populations à la libération des femmes en Inde. Pourtant, près de 90 ans plus tard, l’égalité des genres est loin d’être appliquée dans de nombreux pays du monde. En effet, d’après le dernier rapport annuel sur la parité, réalisé par le Forum Économique Mondial (WEF), l’égalité des genres serait assurée à l’échelle mondiale d’ici environ 200 ans. Cette étude a été réalisée en se basant sur quatre éléments clés favorisant la parité, qui sont : l’éducation, la politique, la santé et le monde du travail.
Néanmoins, des actions sont menées au quotidien dans de nombreux pays afin d’améliorer la condition de la femme dans ces différents domaines. C’est notamment le cas de la République Démocratique du Congo, où plusieurs personnalités et associations s’efforcent de mettre en place des dispositifs favorisant le développement de la femme. Hamida Chatur Kamerhe, à l’origine de la Fondation de la Colombe nous dresse, aujourd’hui, le portrait du féminisme en République Démocratique du Congo.
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Qu’est-ce que le féminisme ?
Le féminisme peut se définir comme étant un mouvement social, philosophique et politique ayant comme objectif l’émancipation des femmes ainsi que l’extension de leurs droits, afin de parvenir à une égalité de statut vis-à-vis des hommes. Ce mouvement est réellement apparu au milieu du XIX ème siècle en Europe, notamment avec le mouvement des suffragettes en Angleterre, revendiquant le droit de vote pour les femmes. Plusieurs organisations se sont développées à cette période afin de promouvoir l’émancipation de la femme à travers à un accès aux droits civils, à l’éducation et au travail.
De nos jours, ces revendications liées à l’éducation, la politique ou le travail restent encore un problème pour de nombreuses femmes dans le monde.
Même si la situation évolue dans un grand nombre de pays, l’émancipation des femmes est un sujet encore loin d’être prioritaire dans de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique. Si l’on se réfère au rapport du WEF, comme mentionné précédemment, en se basant sur l’avancement actuel de la parité, il faudrait encore 107 ans pour parvenir à une égalité des sexes dans le monde, et plus de 200 ans pour obtenir une égalité économique des genres à l’échelle mondiale. Ces chiffres prouvent que la situation des femmes dans une majorité des pays africains et arabes reste encore très difficile.
L’image de la femme à travers l’histoire de la République Démocratique du Congo
En s’intéressant au schéma sociétal traditionnel de la République Démocratique du Congo, bien avant l’apparition du colonialisme, les rôles des hommes et des femmes dans la société étaient clairement définis. D’une part, l’homme était considéré comme un protecteur mais aussi un meneur. D’autre part, la femme était perçue comme la figure du foyer et de l’éducation des enfants. Cependant, d’après les affirmations de Hamida Chatur Kamerhe, la femme n’était pas cloisonnée à ces missions, elle pouvait travailler et même posséder des biens. A cette époque, la parité n’était pas entièrement respectée, cependant, la notion de hiérarchie des sexes n’était pas de rigueur.
Toutefois, le déferlement colonialiste sur le continent africain a largement modifié la société et les mentalités qui se développaient à cette époque. Par ailleurs, le rapport homme-femme a été considérablement bouleversé en raison des nombreuses guerres ravageant de nombreux pays africains, et plus particulièrement la République Démocratique du Congo.

L’intervention des Congolaises pour le maintien de la paix et de l’égalité en RDC
Durant les nombreuses années de guerre qui ont dévasté la République Démocratique du Congo, la place de la femme a longtemps été mise de côté. Cependant, à partir du milieu des années 1990, les femmes ont commencé à se regrouper sous forme de réseaux ou d’associations afin de participer plus activement au maintien de la paix dans le pays, tout en encourageant l’émancipation féminine. Au sein de la sphère politique, des femmes aux influences différentes se sont regroupées afin de favoriser un climat de paix durable. En 2005, ces efforts sont finalement récompensés, notamment grâce à l’apparition, dans la Constitution de la IIIème République, d’un article exigeant l’éradication totale de toute forme de discrimination de genre. Cet article démontre un réel engagement de l’Etat visant à éliminer toute forme de violence faite envers les femmes congolaises. L’année suivante, une loi concernant les violences sexuelles a été adoptée permettant ainsi de punir les auteurs de viols mais aussi d’en reconnaître les victimes.

L’émancipation des femmes congolaises, un enjeu essentiel en RDC
Même si de nombreuses actions ont été menées en faveur d’une égalité homme-femme en République Démocratique du Congo, des progrès majeurs restent encore à faire, notamment au niveau de l’éducation et de la politique. En effet, d’après les dernières estimations de l’UNICEF, près de 50 % des filles âgées entre 5 et 17 ans, ne sont pas scolarisées. Et concernant la présence des femmes dans l’espace public, leur place est encore très peu représentée dans les différents partis politiques, qui restent majoritairement masculins.
Ces deux problématiques sont extrêmement liées étant donné les filles sont largement touchées par l’analphabétisme, elles ne poursuivent alors pas d’études leur permettant d’accéder à une responsabilité politique. Néanmoins, des dispositifs sont progressivement mis en place, c’est notamment le combat que mène Hamida Chatur Kamerhe.
Que signifie être une femme entrepreneur en République démocratique du Congo ?
En tant que pays en voie de développement, la RDC abrite deux types de femmes entrepreneurs : celles qui créent une petite entreprise par nécessité pour joindre les deux bouts – ce sont les femmes qui essaient de gagner leur vie en cuisinant des aliments supplémentaires et en les vendant dans la rue ; qui revendent des produits manufacturés ou des produits de grande consommation dans les zones rurales ; ou qui traversent la frontière pour faire le commerce de petites quantités de marchandises provenant des pays voisins – et celles qui lancent et essaient de développer une entreprise pour trouver un débouché commercial. Les recherches montrent que dans les zones urbaines, ces PME dirigées par des femmes sont principalement concentrées dans le petit commerce, les services et l’agriculture.
« Les femmes entrepreneurs jouent un rôle important dans l’économie de la RDC. Nous voulions mieux comprendre les défis auxquels elles sont confrontées afin de planifier les projets et initiatives futurs qui soutiennent leurs efforts pour devenir des propriétaires d’entreprises viables et productives« , a déclaré Moustapha Ndiaye, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo (RDC). Celui-ci a ajouté « Nous faisons des progrès dans l’amélioration de l’environnement des affaires pour les femmes – et les hommes – dans les zones urbaines et rurales« .
S’exprimant également à ce sujet, Milaine Rossanaly, spécialiste du secteur privé à la Banque mondiale a indiqué : « Dans un pays aux prises avec un taux de chômage élevé, la plupart des femmes n’ont d’autre choix que de créer leur propre micro-entreprise pour subvenir aux besoins de leur famille« . Aussi, elle n’a pas manqué de rappeler que les micros et petits entrepreneurs congolais sont bien plus motivés par la lutte pour la survie que par la recherche de profits. Ces entrepreneurs, selon Rossanaly, doivent être soutenus par une approche holistique qui combine la fourniture directe d’équipements techniques avec l’accès à l’éducation, aux soins de santé et au soutien social.
L’engagement de Hamida Chatur Kamerhe
Hamida Chatur Kamerhe est l’épouse de Vital Kamerhe, Directeur du Cabinet du Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi. Vital Kamerhe occupe une place importante sur la scène politique de RDC. En 2010, il a fondé son propre parti, appelé « Union pour la Nation Congolaise » afin de promouvoir un pays uni et d’assurer une paix durable sur l’ensemble du territoire congolais. Dans la lignée de l’engagement de son époux, Hamida Chatur Kamerhe participe à de nombreux projets afin d’améliorer la vision sociale du pays. En 2004, elle a fondé une association à but non lucratif appelée « Fondation la Colombe Œuvres Sociales (FCOS) ». Elle occupe le poste de présidente de cette fondation depuis sa création et s’implique au quotidien dans de nombreux projets locaux et nationaux. Hamida Chatur Kamerhe agit essentiellement dans des domaines tels que l’environnement, l’entreprenariat, la santé et l’éducation. A titre d’exemple, elle effectue de nombreuses visites dans des centres pour personnes en situation de handicap, ou des centres accueillant des personnes âgées. Cependant, l’émancipation des femmes congolaises est également un sujet qui lui tient énormément à cœur, ainsi Hamida Chatur Kamerhe a mené une action appelée « Maman Maraichères » en apportant un soutien matériel à plus de 600 femmes de la région de Tshangu. Grâce à ces nombreuses actions, Hamida Chatur Kamerhe représente une réelle figure sociale et féministe en RDC.
Les principaux objectifs de la Fondation la Colombe Œuvres Sociales (FCOS)
La Fondation la Colombe vise à améliorer les conditions de vie de nombreux Congolais et Congolaises à travers de nombreuses actions sociales. En effet, l’organisme souhaite lutter contre la pauvreté qui frappe la RDC et pour cela, la FCOS agit principalement dans les domaines de la santé et de l’éducation mais aussi de l’entreprenariat et de l’environnement. Globalement, leurs principaux objectifs concernent le développement d’activités sociales, culturelles, éducatives mais aussi familiales. Par ailleurs, la fondation souhaite participer à la construction d’écoles, d’hôpitaux, d’orphelinats, de foyers sociaux ou encore des foyers pour personnes âgées. A travers ces différentes structures, le but de la Fondation la Colombe est de promouvoir les valeurs républicaines telles que l’égalité et le respect. En outre, une autre dimension est très importante pour la FCOS, celle de la santé et d’un accès aux soins dans toutes les zones du pays, et notamment auprès des jeunes filles et des femmes.
La cause des femmes, une préoccupation essentielle pour Hamida Chatur Kamerhe
Comme nous avons pu le mentionner précédemment, les inégalités hommes-femmes sont encore très présentes en République Démocratique du Congo. Il s’agit d’un enjeu essentiel auquel prend part la Fondation la Colombe et surtout Hamida Chatur Kamerhe. En effet, la cause des femmes représente une grande préoccupation pour l’épouse de Vital Kamerhe. Elle estime que l’émancipation des femmes favorisera un développement économique et social dans l’ensemble du pays. En outre, elle considère que cette émancipation s’opère essentiellement grâce à un accès à l’éducation, elle affirme : « l’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde ».

Dans la continuité de ses propos, Hamida Chatur Kamerhe agit également sur le terrain. Il y a quelques mois, elle s’est rendue dans la grande bibliothèque du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa. Après y avoir visité l’ensemble du complexe culturel, elle tenu à encourager les femmes à lire. Selon elle, l’émancipation des femmes passe inévitablement par le savoir, et la lecture reste un outil essentiel afin d’accéder à de nombreuses connaissances. D’après Hamida Chatur Kamerhe, cela permettrait aux femmes d’être davantage conscientes de leurs droits et de leurs devoirs, tout en s’ouvrant au monde… Autant de perspectives encourageantes pour l’avenir de la République Démocratique du Congo.